(Requête de Nathalie, peut pas y aller, pourquoi, je te le donne en mille, parce qu’elle travaille)
Étant entendu que ton amie chômeuse dispose de son temps, mais pas de beaucoup d’argent (sinon j’aurais été ton amie rentière), c’est bien pour son compte que Nathalie m’a demandé de me rendre aux soldes presse de la marque Chloé. L’invitation étant valable pour deux personnes, je me suis mise en quête d’une accompagnatrice, et n’ai trouvé de disponible à cette heure (14H, en pleine semaine) que ma propre amie chômeuse, au pouvoir d’achat aussi limité que le mien.
Comme chacun sait, le monde est mal foutu : « il n’y a plus de saison », « le cœur est à gauche mais le portefeuille est à droite », et enfin, « quand on a de l’argent on manque de temps et quand on a du temps on manque d’argent ». Je ne voudrais pas avoir l’air de prêcher pour ma chapelle, mais par les temps qui courent, je trouve qu’il y a un certain enseignement à tirer de l’observation des 30 millions d’amis chômeurs, car nous développons une grande capacité à nous occuper sans être tournés vers un objectif de consommation, ce qui est moins le cas des amis travailleurs. Parenthèse fermée, je me suis rendue aux soldes privés Chloé sans rechigner, me disant que si j’y trouvais un manteau qui déchire pour le prix d’un blouson H&M, la journée ne serait pas perdue.
Alors laisse-moi te dire, ami lecteur, que les soldes privées des marques de luxe restent quand même assez éloignées des ventes Emmaüs. Dès l’entrée, le visiteur est dépouillé de ses vestes et sacs, uniquement autorisé à garder chéquier et carte de crédit (le message a le mérite d’être clair). Chacun se voit remettre un grand sac en plastique dans lequel les trouvailles seront glissées en toute transparence.
Ensuite, on découvre une population fascinante composée de très jeunes filles préparant leur prochain rallye, accompagnées de leurs mères, qui ont à cœur d’utiliser la cagnotte dont elles disposent pour leur frais d’apparat de manière judicieuse. Ton amie chômeuse regardait médusée les portants chargés de robes et de pulls improbables, quand elle a été bousculée par une dame d’une cinquantaine d’années faisant glisser les cintres d’une main aussi rapide qu’experte en disant « ça, j’ai ce qu’il faut, ça, aussi, ça…. peut-être » (et hop, une veste à 2000 sautait dans le grand sac plastique).
Déjà amusées par les prix « soldés » (700 € au bas mot), ton amie chômeuse et son amie chômeuse ont tôt fait de se gondoler franchement après avoir gratté les étiquettes et découvert les prix originaux des vêtements qui variaient entre 4 et 8 mois de loyer. Mais puisque j’étais là (et que je n’avais rien d’autre à foutre), j’ai imité ces dames en me foutant à poil entre deux portants pour passer une robe de princesse et me promener en sautillant dans la galerie (sans toutefois vraiment réussir à l’amuser -ce jeu de mot est noté 2/10 par son auteur-).
Je n’ai rien acheté, me disant que si Nathalie voulait vraiment faire des affaires, j’emmènerais son chèque en blanc chez Guerrisol un peu plus tard dans la journée. L’honnêteté m’oblige à dire que je n’ai rien trouvé là-bas non plus. J’ai encore été bousculée par des expertes faisant valser les cintres et dénichant des perles parmi les combinaisons de peintre et déguisements de fée périmés. Conclusion : pour les requêtes shopping, ton amie chômeuse avoue que te rendre sur un blog sponsorisé par Glamour te sera sans doute plus immédiatement utile.