#Test- Apprendre le chinois

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Requête de Spoke, projette d’apprendre le chinois en vue d’un possible séjour prolongé là-bas

Parmi les regrets fréquemment formulés par les amis travailleurs qui courent après le temps, on trouve :
– Prendre soin de soi, pratiquer une activité sportive régulière, manger cinq fruits et légumes par jour (et fumer nuit à votre entourage) ;
– Passer plus de temps en famille, ne pas perdre patience au bout de 17 secondes quand Papy raconte une anecdote, apprendre par cœur les dates de naissance de ses cousins, noter une bonne fois pour toutes le prénom du petit Léon, non Jules (non Louis) ;
– Et enfin, apprendre une nouvelle langue, généralement l’arabe, l’hébreu, l’italien, ou le chinois.

Il ne t’aura pas échappé, ami lecteur, que ton amie chômeuse est obsédée par l’idée d’être compétitive sur le marché du travail. C’est donc de bonne grâce que j’ai accepté d’aider mon client.

Pour être parfaitement honnête, je n’étais pas tout à fait débutante. En classe de Seconde, l’incroyable pouvoir de conviction de mon amie N. m’avait amenée à m’inscrire en « Option chinois ». Son pouvoir fut néanmoins insuffisant sur le long terme, et j’abandonnai sitôt après avoir réalisé qu’il me faudrait quinze ans de travail pour arriver à héler un taxi à Shanghai.

Une dizaine d’années plus tard, me voilà donc inscrite au CNED pour reprendre mon ouvrage. Je peux dire avec une certaine satisfaction que les premières leçons m’ont paru très faciles, car enfin, il me restait tout de même quelque chose de ces heures sacrifiées à la nonchalance adolescente. Avec une volonté de fer, je me suis attablée tous les matins devant mes livres, répétant vaillamment la littérature sur CD qu’on voulait bien m’apprendre (« A qui est ce livre ? Ce livre est à Petit Ma. Ah bon, il est à Petit Ma ? Absolument, il est à Petit Ma »). Je dois prévenir mon client : cette aisance a été de courte durée.

Difficile de ne pas se décourager quand on a dessiné un sinogramme 70 fois d’affilée et qu’on ne sait plus le lire le lendemain. Car c’est bien là que réside la difficulté du chinois : il faut apprendre à dessiner les signes, à les reconnaître, mais surtout à les prononcer. Et laisse-moi te dire ami lecteur que cette histoire de tons n’a rien d’une légende, le mot « ma » peut vouloir dire « maman », « cheval », « rugueux » ou point d’interrogation, selon qu’on le prononce de telle ou telle façon. On est angoissé par le nombre de quiproquos potentiels au moment de mettre en pratique avec des vrais Chinois de Chine, et on a raison.

Mais l’apprentissage d’une langue qui n’a rien à voir avec le Français (inutile d’essayer de rajouter des O et des A comme en Italien par exemple) permet surtout de découvrir une toute autre façon d’appréhender le monde. En chinois, pas d’alphabet, pas de conjugaison ni de grammaire : les mots deviennent des concepts qui prennent leur sens des parties qui le composent.

Dans l’écriture du mot « être » par exemple, on trouve le soleil, et le signe de ce qui est droit, juste. « Être » devient : ce qui est juste sous le soleil. A défaut de pouvoir mener une conversation usuelle, ton amie chômeuse s’enrichit chaque jour du point de vue d’une autre civilisation. Et de temps en temps, on a une bonne surprise : le mot coca-cola s’écrit 可口可乐, mais se prononce kě kǒu kě lè. Ca n’a l’air de rien mais ça fait plaisir de savoir dire ça ; au moins ça.

Tu pourras mesurer la dévotion de ton amie chômeuse le  lundi 7 décembre, puisque je publierai une vidéo qui te donnera un aperçu du quotidien solitaire de l’apprentie sinophone.

Infos utiles :
– Le CNED assure une formation très honnête pour 180€ pour un module de 60 heures (à valider en 8 mois maximum ) : ça ne remplace pas un prof, mais c’est la solution la moins onéreuse.
– L’Inalco (Institut National des Langues et Civilisations orientales, Paris 19ème) propose des cours à 540€ pour un semestre de 60 heures de cours. Je n’ai pas testé, mais l’institut est réputé.
– Mon conseil pour débuter, c’est ce livre absolument génial de Joël Bellassen, sobrement intitulé Méthode d’Initation à la langue et à l’Écriture chinoises. Il y a deux volumes accompagnés d’un support audio. Je n’ai pas trouvé mieux : c’est à la fois pédagogique et très intelligemment expliqué, on en ferait presque un livre de chevet.
– Tu peux aussi commencer par apprendre toutes les parties du corps humain, grâce au schéma qui illustre ce texte (il va te falloir décrypter cinq sinogrammes pour pouvoir commencer à faire des blagues avec le mot « pénis ». Un vrai défi.)

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6 commentaires

  1. bravo!!!!!! j’ai hate de te donner mes tips pour heler les taxis!!!! c’est moins une affaire de langue que de volume sonore 🙂

  2. Apprendre le chinois(à la fac) : done.
    Aller en Chine : done.
    Réviser le chinois appris: maybe.
    Merci pour la photo, puis- je connaitre la source ? (On ne voit pas très bien les caractères). xie xie!
    PS: sinologue est correct .

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