Camarade, j’ai pensé que pour inaugurer cette année 2025, j’allais te donner des nouvelles des lombrics.
Voilà trois mois qu’ils sont arrivés chez nous, et par la grâce de cette newsletter, j’ai bénéficié des conseils d’un lecteur qui m’a précédée dans l’aventure du lombricompostage.
Appelons-le Alexis (c’est son prénom). Il m’a livré un témoignage poignant et plein de rebondissements, accroche-toi.
« J’ai fait une mini dépression quand ma colonie a fait un suicide collectif après le Covid, je ne comprenais pas, m’écrit-il. La santé mentale chez les lombrics, ce n’est pas un petit sujet ». Pas petit, mais inexploré – je n’ai trouvé aucune documentation sur Internet, rappelle-moi d’en parler à Baptiste Morizot.
Merveilleuse histoire de résilience que celle de la colonie d’Alexis, qui s’est reconstituée alors qu’il ne restait que quelques survivants à l’issue de l’année 2020. Consanguins mais robustes, ses lombrics ont depuis survécu à plusieurs canicules.
Alexis n’a pas été avare de trucs et astuces, me révélant que le marc de café « les rend dingo » et que la clé d’un compostage efficace réside dans la quantité de carton que tu balances dedans. Du carton d’emballage, oui oui, déchiré en petits bouts pour être plus digeste. « Très important, le carton, insiste Alexis. Du coup, je commande comme un porc sur Amazon pour leur filer à bouffer ». Aïe, paradoxe.
Pour l’instant, je n’ai pas eu à me compromettre sur Amazon ; notre stock de carton est assuré par l’emballage du nouveau lit de Jean-Tibia (c’en est fini d’Alcatraz, je te raconterai quand je pourrai en parler avec la distance et l’humour qui me caractérisent, pour l’instant c’est impossible). Et aussi, l’âne des 6 ans de Jean-Coude est en train d’y passer.

Moralité, les lombrics sont en pleine forme. Chaque jour, le Grand et moi, on leur prépare leur assiette, mélange de marc de café donc, de peau de banane coupée en petits bouts, de grains de riz récupérés par terre après le dîner et de coquilles d’œufs.
Moi qui craignais de ne pas avoir suffisamment à leur donner – rapport à une passion modérée pour les légumes dans la maison, je n’arrive pas à tout mettre dans le contenant.
Il faut dire aussi que les lombrics prennent leur temps. Pour l’instant, nous n’avons pas pu récupérer la fameuse matière fertile qu’ils produisent, c’est trop le bordel dans leur litière.
Sans plus tarder et en exclusivité, une paparazzade de deux individus en goguette :

Dans son mail, Alexis avait conclu par un avertissement : « Tu dois le savoir, mais prépare toi psychologiquement, tu vas avoir des moucherons ».
Damnation. J’ai effectivement des moucherons. Pourtant – c’est du déni, peut-être, je n’arrive pas à être 100% convaincue que c’est le lombricomposteur qui les attire. Les moucherons sont massés plutôt loin de chez eux, j’en trouve jusque dans la penderie.
C’est d’ailleurs la nouvelle obsession du Grand, qui les poursuit inlassablement. Il faut le voir marcher tout doucement dans la maison, l’aspirateur-balais collé contre la poitrine, le doigt déjà sur la gâchette. Aux aguets, tel un ghost-buster de l’espace domestique.
Les moucherons font chier, c’est entendu, mais je leur dois d’avoir réconcilié le Grand avec cet outil ménager avec lequel il avait peu d’affinités jusqu’à maintenant. Alors certes, il n’aspire que les murs et le plafond. Mais il développe une vraie dextérité dans le maniement de l’objet, c’est déjà pas mal.
Lombrics et moucherons seraient-ils des alliés du combat pour l’égalité entre les sexes ? Les insectes sont-ils féministes ? Décidément, fais-moi penser à en parler à Baptiste Morizot.