Je me demande si Emily réfléchit à la dérive hyperbolique du langage. Je m’étais déjà fait la réflexion quand les gens ont commencé à dire « bon courage » à la place de « bonne journée » à la boulangerie. Qu’est-ce qu’on dit à ceux qui partent bosser en Ukraine si on dit « bon courage » au boulanger ?
Dorénavant ce sont les préfixes qui sont partis à l’assaut de la langue :
Il faut bien exprimer l’indécence, surtout depuis qu’on a éradiqué de notre vocabulaire les formules homophobes qui remplissaient cet office de manière peu élégante ( exemple : « profits d’enculés »).
Mais quand même, j’ai l’impression de me faire voler « méga » et « super », qui étaient rangés avec « giga » et « cool » sur l’étagère de mon adolescence.
Giga et super, pour moi, c’est les années 90.
L’époque des pin’s épinglés sur une veste sans manche. L’époque des séances de ciné au MK2 Beaugrenelle, des rollers alignés, des colliers ras-du-cou et des lettres aux copines qui terminaient par Big Bisous Bien Baveux.
La vie était megacool et superfun, et non mega-bassine et super-yachts. Heureusement, la semaine dernière, ce message s’est hissé des profondeurs de l’histoire pour arriver sur mon téléphone :
Ça m’a fait super-plaisir.